L. MUSETTI/B. Paire
6/2, 6/7, 6/2
Interview de BENOIT PAIRE
Q. Comment vous sentez-vous après ce match ? Le second set a été très bien, vous étiez dans une belle bataille et vous l’avez gagné. Mais il y eu ce jeu de service, après le traitement sur votre poignet. Que s’est-il passé ?
R. Perdre n’est pas grave. Ce qui m’intéresse, c’est ce que je fais à l’entrainement. Hier, j’ai eu une très bonne séance d’entrainement. Mais aujourd’hui, sur le court, je me suis senti lourd, je n’arrivais pas à courir. C’est ça qui s’est passé depuis le début de l’année. Dès que j’ai une balle de set ou une balle de match, j’ai la pression. Je ne devrais pas sentir cette pression parce que ma carrière est derrière moi. Je ne sais pas pourquoi elle est là. C’est vrai que j’ai été blessé, j’ai joué trois fois, j’ai eu une infiltration il y a trois semaines. Je suis venu ici et j’ai eu la chance de pouvoir jouer. C’était une belle journée, même s’il y avait un peu de vent, mais c’est difficile parce que lorsque je joue un match, je ne me sens pas bien. Je ne sais pas pourquoi, parce que je m’entraine bien, je joue bien mais en match, c’est difficile pour moi.
Q. Avez-vous une explication à cette tension ?
R. Non, je ne peux pas mettre des mots dessus. Je vois juste ce qui se passe, au moment de jouer une balle de set. Je dois compter sur la faute de l’adversaire pour gagner une balle de set. Tous ces derniers matches, j’ai souvent mené, j’étais proche de la victoire, et je finissais par perdre. Je me souviens qu’en Amérique du Sud, c’était pareil. Parfois je mène 5/4 dans le dernier set, et je perds le match…. 6/2, 5/2 et je perds.. Même chose à Miami. J’ai eu beaucoup de défaites. Or, quand je m’entraine, j’ai un très bon niveau, je suis en confiance pendant la séance. Mais dès que je joue un match, si j’arrive à reprendre le service de mon adversaire, je fais trois doubles fautes sur mon service à suivre. Aujourd’hui, dans le troisième set, tout s’est joué sur mon service. J’ai commencé par deux doubles fautes, et j’ai perdu le match.
Q. Quand vous dites que votre carrière est derrière vous, ce n’est pas anodin ?
R. J’ai des ambitions. Je suis content de ce que je fais. Simplement, je vois ce qui se passe. Je fais beaucoup d’efforts, on ne peut pas me reprocher de ne pas faire ce qu’il faut. Je m’entraine deux fois par jour, je fais de l’entrainement physique, mais on peut s’entrainer autant qu’on veut, si sur le court on ne se sent pas bien, cela ne sert à rien. Au final, je jouais mieux quand je m’entrainais moins. J’ai toujours détesté perdre, mais maintenant, je ne suis pas en colère quand j’ai perdu, c’est plutôt de la déception. Hier, je tapais bien, je courrais bien, et aujourd’hui je n’arrivais plus à courir droite gauche.
Q. Au moment d’entrer sur le court, vous sentez la pression ?
R. Oui, c’est pareil que pour passer le permis de conduire, ou quand on passe un examen, on est tendu. Au lieu de penser que le court est magnifique, qu’il y a du monde, qu’il fait beau, je commence à me poser des questions sur mon coup droit, mon revers… avant, je ne me posais pas ces questions. C’est dommage parce que je me sens bien physiquement et je joue bien. Mais en match, je me sens lourd, fatigué. C’est ça qui est dur.
Q. Ne devriez-vous pas consulter ?
R. Je ne sais pas quoi faire. J’ai essayé d’avoir un coach, j’en ai eu un pour Indian Wells et Miami, c’était le coach d’Edouard. Mais c’est dans ma tête que ça se passe. Je ne veux pas aller voir un psychologue, cela ne m’intéresse pas. Cela va revenir. J’ai gagné deux matches seulement. J’ai juste besoin d’en gagner un ou deux et tout ira mieux. Je devrais peut-être jouer un challenger pour reprendre de la confiance, car je sais que je peux bien jouer.
Q. Qu’allez-vous faire pour votre équipe technique ? Allez-vous prendre quelqu’un ?
R. Je suis avec mon frère, je vais être avec ma famille. J’essaie de me détendre, et je vais aussi prendre des vacances. Je fais ce que je peux. Cela ne marche pas en ce moment. Le match était correct, mais je n’ai pas gagné.
Q. A propos de Jo, le tennis français va le perdre. Certains disent qu’il était comme un grand frère ?
R. Franchement, je m’en fiche complètement. C’est sa carrière, les temps sont durs pour moi aussi. Bien sûr, Jo était un très bon joueur, un bon tennisman. On verra quand il s’arrêtera, mais pour l’instant, je me concentre sur moi.
Q. Une dernière question : il ne reste plus de joueurs français dans le tableau…
R. Je m’en fiche complètement !
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