Dimanche 13 août 2023
Valerie Tétrault:
C’est drôle d’être là, j’ai des souvenirs d’autrefois, mais je n’avais pas beaucoup de chiffres à vous donner à l’époque ! Merci d’être venu. C’est le dernier jour, un jour très particulier avec deux matches au lieu d’un en simple. Nous avons parlé ce matin avec nos chefs de comités et nos bénévoles, car nous avons besoin de plus de personnes que prévu, et ils ont accepté avec le sourire, ce qui est très apprécié. Nous nous souviendrons tous de ce dernier jour.
Avant de vous donner le bilan du tournoi, je voudrais revenir sur la décision d’hier soir, qui a soulevé des questions. Nous avions une finale prévue le lendemain à 13h30, donc avec la WTA, nous devions prendre une décision à 20h ou 20h30. Nous savions que Ribakina était restée très tard, ou très tôt, c’est selon, la veille. La météo ne nous donnait aucune garantie de pouvoir jouer le match dans la soirée. Nous avons parlé avec les équipes des deux joueuses. Nous savions aussi qu’un certain nombre de spectateurs étaient rentrés chez eux, découragés, et nous savions qu’il y avait la possibilité de prévoir deux sessions le lendemain avec de meilleures conditions pour tous, la TV, les fans, les joueuses. L’avantage aussi était de ne pas jouer notre finale en même temps que celle de Toronto. Pour toutes ces raisons, nous avons choisi d’annuler la session d’hier soir et de programmer deux sessions aujourd’hui, une à 13h30 et l’autre à 17h30.
Au sujet des joueuses, c’était la solution que Ribakina préférait. Elle était encore en train d’essayer de récupérer de sa très courte nuit la veille, et jouer deux matches dans la journée ne lui faisait pas peur. Jessica Pegula était aussi très contente, elle a pu diner tranquillement en sachant qu’elle ne devait pas se lever très tôt et elle allait pouvoir regarder ses adversaires batailler avant son match. Samsonova était celle qui préférait jouer hier soir, elle savait que ce n’était pas la préférence de Ribakina. Nous avons bien sûr parlé avec les athlètes. Et tout a été fait en collaboration avec la WTA pour s'assurer de prendre la bonne décision.
Le bilan du tournoi maintenant. C’était un vrai baptême pour moi. Je me disais que j’allais me souvenir de mon premier tournoi, et je peux vous dire que je vais effectivement m’en souvenir ! J’aurais beaucoup d’histoires à raconter… J’étais entourée d’une bonne équipe, et il y a eu ce problème de météo. Nous nous y attendions, vu l’été pourri que nous avons eu. Il y a eu des matches très longs, mais qui ont été aussi des matches de qualité. Nous avons dit dans notre campagne de marketing qu’il fallait venir voir le meilleur du tennis féminin, et bien je pense que les joueuses ont répondu à l’appel. Un match s’est terminé à 3h du matin et les meilleures joueuses ont été loin dans le tableau, ce qui a rendu le tournoi d’autant plus intéressant. Il y a eu la belle histoire de Leyla Fernandez, la Canadienne. C’est toujours spécial quand une joueuse canadienne joue sur le court central, surtout quand elle gagne contre une des meilleures têtes de série. Je suis allée m’assoir dans les tribunes pendant son match, et l’ambiance était électrique. Je sais que Leyla veut revenir dans deux ans à Montréal en espérant aller plus loin. C’était plus décevant pour les deux autres joueuses canadiennes. L’équipe de Bianca s’est presque excusée de ne pas avoir été plus loin. Parfois on veut trop bien faire, et on n’y arrive pas. Toronto a eu la chance de couronner Bianca, nous aimerions beaucoup à notre tour remettre le trophée à une joueuse canadienne un jour à Montréal aussi.
Pour les spectateurs, comme Eugène l’a dit, nous avons battu le record. C’est un record pour le tennis féminin. Nous étions à 182.000 spectateurs en 2014, l’année d’Eugénie Bouchard, qui avait joué la finale à Wimbledon juste avant notre tournoi. Cette année, avec la session d’hier après-midi incluse (il reste encore deux sessions), nous devrions arriver à environ 215.000 spectateurs avec ces deux sessions qui restent. C’est un record. Nous voulions promouvoir le tennis féminin et les spectateurs ont répondu présents. 61.000 amateurs sont venus pendant le Week-end de la Famille, le premier week-end. Nous voulions que notre tournoi soit accessible ces deux jours, et certaines familles ont découvert le tennis à cette occasion. Les joueuses étaient très contentes. Nous avons reçu de nombreux messages de leur part disant qu’elles avaient apprécié ce week-end et s’étaient senties très bien accueillies, pas seulement pas nos équipes, mais aussi par le public. Sabalenka disait qu’elle n’avait jamais vu un accueil aussi chaleureux nulle part ailleurs dans le monde. C’est la signature de notre tournoi et c’est aussi la fierté de notre tournoi.
Questions
Q. Vous parlez d’une estimation à 215.000 spectateurs, à partir de quel jour ?
R. À partir du premier vendredi, donc le week-end de la famille inclus.
Q. Une journée comme jeudi, qu’est-ce que vous aviez dans la tête ?
R. Jeudi, le jour du long match ?
Q. Le jour où vous avez dû reporter des matches au vendredi.
R. Oui, j’ai dû prendre plusieurs décisions. Tout le monde sait qu’on ne peut pas contrôler la météo. Mais vous écoutez les avis autour de vous, et vous essayez de voir ce qui est le mieux pour les fans, pour les joueuses. Une fois que tous ces éléments ont été pris en considération, vous pouvez prendre la décision. Honnêtement, j’ai pu bénéficier de l’aide d’une équipe très solide cette semaine. Souvent, j’envoyais un message : « peut-on se voir dans dix minutes ? » et nous allions dans notre « salle de guerre » pour discuter. Tout le monde donnait sa perspective différente et nous prenions ensuite la décision ensemble. Pour moi le mot clé est : « communication ». Communication avec les joueuses, les fans. Les gens voient ainsi qu’on contrôle la situation, qu'on est transparent, on les informe, il acceptent la décision plus facilement parce que tout le monde sait qu’on ne contrôle pas la météo.
Q. Une chose négative peut se transformer en positif. J’ai rencontré quelqu’un qui travaille pour le tournoi depuis dix ans, qui m’a dit que la météo n’avait jamais été aussi mauvaise que cette année. Vous avez travaillé avec Eugène pendant des années, vous étiez préparée, mais n’est-ce finalement pas mieux pour vous d’avoir eu un tournoi aussi difficile pour votre premier tournoi ?
R. Oui, c’était peut-être positif, parce que maintenant je suis préparée à tout pour la suite. Avant-hier la WTA m’a dit "après ça, ce sera du gâteau" !! Quand vous entendez ça de la part d’une Superviseure qui voyage partout dans le monde pour aller à différents tournois, vous comprenez que ce qui s’est passé cette semaine était vraiment particulier et inhabituel. Je pense que cela peut se reproduire avec le changement climatique. L’été a été très mauvais cette année, on risque de le vivre encore d’autres fois. De nouveau, on parle du toit. Dès qu’il pleut, on reparle du toit. La Superviseure était Clare Wood.
Q. Le toit est-il un vœu pieu ou y a-tr-il des discussions sérieuses ?
R. Les conversations ont été loin avant la pandémie, mais à cause de la COVID ce projet a été gelé. Nous avons eu une année sans tournoi à cause de la COVID, ce qui a eu des conséquences financières difficiles pour Tennis Canada. Donc après la pandémie, nous avons surtout essayé de redresser la situation, les priorités avaient donc changé. Mais quand on voit ce qui se passe, un toit serait important. Pour l’instant, le toit n’est pas obligatoire, mais on voit de plus en plus de tournois, pas seulement les Grands Chelems, mais aussi les 1000, comme le nôtre, avoir des toits. C’est une pression sur notre tournoi. Ce n’est pour l’instant pas obligatoire, mais cela pourrait l’être dans cinq ou dix ans. Si on attend que ce soit obligatoire, il sera trop tard pour commencer à en parler. Ce stade est vieillissant, il a été construit en 1996. Nous devons réfléchir à tout ça et commencer les discussions au sujet du toit bien avant qu’il devienne la norme.
Q. Je me posais la question sur le nombre de courts dont vous disposez, vous aurez bientôt 96 joueuses ? Vous avez joué sur 4 courts seulement cette année, est-ce assez, surtout si la météo n’est pas favorable ?
R. La bonne chose cette année est que nous avions un court supplémentaire toujours disponible si besoin. Par exemple, le Hawkeye était installé sur ce court. S’il avait plu lundi ou mardi, et que nous ayons dû jouer beaucoup de matches les jours suivants, nous aurions pu utiliser ce court. Sur le nombre de courts en vue de 2025, je pense que nous avons suffisamment de courts. Nous en parlons évidemment avec l’ATP et la WTA. Si nous pensons que c’est nécessaire, nous pourrons envisager d’utiliser des sites satellites autour de Montréal pour les courts d'entrainement. Nous devrons nous assurer d’avoir exactement la même surface et la logistique devra suivre, mais le stade tel qu’il est suffit à accueillir tout le monde à l’avenir.
Q. Quels ont été le pire moment et le meilleur moment pour vous dans ce tournoi ? Qu’est-ce qui a été absolument extraordinaire ?
R. Le pire a été hier soir. Il y avait beaucoup de choses à prendre en compte. Le dernier jour, la TV est très importante, les fans étaient en train d’attendre, les joueuses aussi, nous savions que l’une devrait jouer deux matches le dernier jour, jour de la finale, c’était compliqué. Donc hier soir a été le moment le plus compliqué. Nous devions aussi faire en sorte que tous ceux qui avaient des billets comprennent bien ce à quoi ils avaient droit, parce que nous ne voulions pas avoir à gérer leur frustration aujourd’hui. Le plus beau moment, il y en a eu plusieurs, je dirais que c’était le match de Leyla vu l’ambiance sur le court central. Le match terminé, quatre minutes plus tard, j’ai reçu un texto d’Eugène disant qu’il était content pour moi, ça m’a réchauffé le cœur. Il y a eu aussi la cérémonie pour Eugène sur le court central hier. Les gens étaient encore là en dépit de la pluie et il a partagé un beau témoignage. C’était important pour nous de le faire. Il y avait peut-être la fatigue, mais j’avoue que j’ai eu la larme à l’œil sur le court.
Q. Que s’est-il passé dans ce match qui a fini à 3h du matin avec Ribakina ?
R. Normalement, on ne souhaite pas terminer un match à 3h du matin, mais pour ceux qui sont restés pour le regarder, c’est quelque chose dont ils vont parler longtemps, un beau souvenir. Et pour le personnel aussi, c’était un beau moment. J’ai été surprise de voir autant de gens encore là. Cela prouve que le public aime le tennis et le spectacle. Il y avait quelque chose de beau, même si ce n’était pas l’idéal. Et aussi, c’était peut-être le meilleur match du tournoi. Les gens parlent même du meilleur match de l’année sur le circuit WTA. Il n’y a pas eu assez de personnes pour le voir, car c’était si tard, mais c’était une belle bataille entre les deux joueuses. Cela montre que les joueuses adorent ce tournoi et ont vraiment envie de le gagner. Cela aurait été plus facile pour les joueuses allant sur le court aussi tard de se dire qu’elle allait laisser filer le match, mais elles se sont battues à fond jusqu’au bout, elles voulaient vraiment la victoire. Bencic aussi de son côté s’était foulé la cheville et le médecin m’a même dit, elle ne jouera pas, mais elle l’a fait. On a même pensé à changer l’ordre des matches pour lui donner le temps de récupérer, mais elle voulait vraiment jouer et s’est fait traiter jusqu’au dernier moment avant d’aller sur le court; et elle a joué son match. Ce n’est pas seulement un tournoi de préparation pour l’US Open, c’est un tournoi que les joueuses veulent vraiment gagner, elles apprécient vraiment ce tournoi.
Q. Avez-vous compté combien de personnes étaient restées aussi tard ?
R. C’était tard… peut-être 400 ou 500 personnes ou un peu plus peut-être.
Q. Vous avez été une analyste de tennis, que va-t-il se passer aujourd’hui selon vous ?
R. Je pense que Ribakina va gagner son premier match et quelque chose me dit que nous allons être surpris et que l’histoire sera que celle qui a joué un match jusqu’à trois heures du matin et qui a dû jouer deux matches le même jour gagnera ces deux matches. Elle va peut-être gagner le trophée, mais c’est juste un feeling.
Q. Quelle est la joueuse la plus favorisée, celle qui sera fraiche pour sa finale ou celle qui aura déjà joué ?
R. La longueur de premier match sera déterminante. Si Ribakina gagne rapidement, elle aura eu l’occasion de s’habituer au court central avant sa finale. Dans ce cas, elle sera dans une position plus favorable. Merci.
FastScripts Transcript by ASAP Sports